D’après ce sondage, 70 % des jeunes ne souhaitant pas se vacciner le font par crainte de risques inconnus du vaccin, que l’on manque de recul. 😒 Un petit #thread pour expliquer pourquoi on ne peut pas sérieusement craindre des effets du type « un cancer dans vingt ans ».


Je précise que par la suite, je ne parlerai pas des raisons qui font que le vaccin a pu être autorisé aussi vite (ampleur de l’épidémie et nombre de volontaires qui ont fait que les tests ont donné des résultats plus rapidement, sans que l’on ait à abaisser les exigences).


Je vais répondre à l’argument : « il pourrait y avoir des effets graves à long terme », que l’on trouve sous diverses déclinaisons.


Et je vais me concentrer sur les deux vaccins à ARNm (le Corminaty de Pfizer-BioNTech et le Spikevax de Moderna), les plus utilisés en France et qui reposent sur les technologies les plus récentes.


Pour cela, il est important de revenir, rapidement, sur le mécanisme opératoire du vaccin. On injecte une petite dose d’ARN messager, une molécule qui est un « plan de construction » d’une protéine (composant élémentaire de la cellule).


Mais au lieu du plan de construction d’une protéine que l’on retrouve dans une cellule humaine, on met un plan d’une protéine du virus, la protéine spike (« S »). Cette protéine est présente sur chaque exemplaire du virus, et nulle part ailleurs. Elle l’identifie, donc.


Il suit une réaction en deux étapes : 1. Nos cellules lisent ce « plan de construction », et fabriquent la protéine S. Exactement comme elles fabriqueraient n’importe quelle autre protéine si elles en recevaient l’ordre.


2. Notre système immunitaire découvre cette protéine S, et très vite, il reconnaît qu’elle n’a rien à faire ici. C’est la réponse immunitaire.


Cette deuxième étape fonctionne comme pour n’importe quel vaccin : après avoir reconnu cette protéine, le système immunitaire la mémorise, et est bien plus apte à réagir la prochaine fois qu’il verra des protéines S… c’est-à-dire qu’il croisera le virus.


Et c’est cette deuxième étape qui cause les petites douleurs au bras, ou les légères fièvres et maux de tête dans les 24 h qui suivent la vaccination, comme cela arrive parfois pour tous les vaccins.


Maintenant, que l’on sait comment ça marche, essayons de comprendre où pourraient se trouver les risques inconnus à long terme. Il y a deux possibilités : 1. Soit ils sont liés à la mise en contact du corps avec l’ARNm. 2. Soit ils sont liés au contact avec la protéine S.


Autrement dit, soit les risques inconnus à long terme viennent de l’étape 1 du processus, soit ils viennent de l’étape 2. Bon, notons déjà que ces deux étapes élémentaires sont des choses tout ce qu’il y a de plus banales dans la vie de l’organisme. Nos cellules passent leur


temps à traduire des bouts d’ARNm en protéines. Notre système immunitaire est très régulièrement exposé à de nouveaux agents étrangers qu’il identifie, combat et mémorise. Aucune de ces deux phases n’est « artificielle ».


Surtout, l’ARNm ou la protéine S peuvent-ils, en eux-mêmes, causer des effets graves à long terme ? La réponse est non, en raison de leur durée de vie. Par exemple, la demi-vie des molécules d’ARNm varie entre 15 minutes et 24 h. Ça veut dire que dans le pire des cas,


tous les jours, la moitié de l’ARNm a été détruit. Donc en dix jours, la dose d’ARNm présente dans l’organisme a été divisée par 1000. En un mois, par un milliard. Toujours dans le pire des cas. Pour les protéines, même ordre de grandeur, la demi-vie est bien inférieure à 1 jour.


Bref, un mois après le vaccin, on ne trouve quasiment plus aucune trace dans l’organisme de ce que l’on vous a injecté (l’ARNm), ou de ce que votre organisme a produit en conséquence de cette injection (la protéine spike).


Pourtant… le vaccin, lui, reste bien efficace après cela ! Donc s’il est efficace, c’est que quelque chose s’est passé. Et ce quelque chose ne pourrait-il pas créer des effets à long terme ?


Ce « quelque chose », précisément, c’est la mémoire qu’a votre organisme de sa rencontre avec la protéine. Ça prend la forme d’anticorps (molécules non-vivantes capables de « capturer » les bouts de protéine S) et de cellules appelées lymphocytes T à mémoire.


Maintenant, peut-on imaginer que la présence dans le corps de ces anticorps et de ces lymphocytes T à mémoire, tous les deux spécialisés dans la traque de la protéine S (qui caractérise le virus), provoque des effets graves à long terme ?


Ce serait très surprenant. On n’a jamais observé ce genre de choses. Le seul effet qui s’approche, c’est que pour certaines maladies, le fait d’avoir eu un premier contact peut *aggraver* les infections suivantes. Mais il est observé que ce n’est pas le cas pour la protéine S.


D’ailleurs, même cela, ce ne serait pas un « effet grave inconnu à long terme ». Mais après tout pourquoi pas, essayons d’imaginer le pire cas possible. Celui où un effet totalement nouveau, qui remet en branle nos certitudes scientifiques, survient. 😱


Effet qui, on l’a vu, serait donc lié aux conséquences de la réaction du corps à sa rencontre avec la protéine S, même après que celle-ci et son « plan de construction » aient été éliminés totalement du corps.


MAIS… n’y a-t-il pas un autre cas dans lequel cet effet surviendrait ? Puisque la réponse immunitaire « dangereuse à long terme » se produit à chaque rencontre avec la protéine S, elle survient forcément dans au moins un autre cas…


…à savoir lorsque l’on rencontre une protéine S « naturelle », portée par le virus !


Lorsqu’il rencontre ce virus, notre système immunitaire découvre *aussi* la protéine S. Il réagit *aussi* à cette protéine. Il produit *aussi* des anticorps et des lymphocytes T à mémoire. Exactement les mêmes qu’avec le vaccin.


DONC si le vaccin produisait des « effets graves inconnus et imprévisibles à long terme »… le virus aurait les mêmes. On ne peut donc pas avoir davantage peur du vaccin que du virus pour cette raison.


Il y a d’ailleurs un précédent qui illustre très bien cet argument, c’est celui du vaccin contre H1N1. On s’est rendu compte que le vaccin avait un effet secondaire au bout de quelques semaines, la narcolepsie (fait de s’endormir spontanément).


Mais EN FAIT, cet effet était lié à une certaine protéine que l’on trouvait sur le virus H1N1, et qui était donc aussi présente dans le vaccin. Autrement dit, le risque de narcolepsie existait dans le mal (le virus) et dans le vaccin.


Le vaccin n’avait donc pas d’effet secondaire que la maladie n’avait pas elle-même.


Maintenant, poursuivons le raisonnement. Imaginons qu’il soit possible que des effets inconnus graves à long terme existent en raison du contact de l’organisme avec certaines protéines. * Le vaccin, c’est UNE protéine, la protéine S. * Le virus, c’est 29 protéines identifiées.


Donc cet effet inconnu à long terme résultant du contact avec la protéine S, il est 29 fois plus susceptible d’apparaître pour une contamination au covid, qui vous fait entrer en contact avec 29 protéines. Le virus est définitivement plus dangereux que le vaccin.


Dernière chose, enfin, pour relativiser le risque d’effets graves inconnus à long terme liés à la vaccination : on n’a *jamais* observé de tels effets sur les autres vaccins.


Le délai le plus long observé pour la survenue d’effets secondaires, c’est deux mois, pour la narcolepsie du H1N1 dont j’ai parlé plus haut. Les vaccins de Pfizer et Moderna sont testés depuis début 2020, soit environ 16 mois.


Vaccinez-vous. Vous préférez avoir une petite fièvre quelques heures après la piqûre plutôt qu’un covid long aux effets *réellement* incertains à long terme. #fin


Principales sources : * Pour le mécanisme du vaccin : https://t.co/Dq1Ca9RmMJ * Pour le fonctionnement de la réponse immunitaire : n’importe quel manuel de SVT de terminale.

msss.gouv.qc.ca/professionnels…


* Pour le fait que la narcolepsie du vaccin H1N1 repose sur une protéine virale :

academie-medecine.fr/wp-content/upl…


* Pour le fait que la vaccination contre le covid n’aggrave pas une infection suivante : https://t.co/XuUlTX9wy1 (cité aussi par @Ivnbw1 : https://t.co/IuhlQslozC) * Pour les 29 protéines virales :

papers.ssrn.com/sol3/papers.cf…

ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/P…


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