C'est quand, "jadis" ? Parce que je tiens à votre disposition les mémoires de mon grand-père instituteur à partir des années 30, René, et ça n'est pas tout à fait cette belle légende dorée.


Il suffit de lire Pergaud ou Pagnol et sa description des classes de son père pour avoir une idée un peu moins youpi de ce qu'était la situation de l'école ou du collège "jadis".


Il suffit de lire les lettres des Poilus de 14 pour casser net cette légende d'une génération qui ne faisait pas de fautes d'orthographe et qui respirait La Fontaine et Racine depuis le berceau.


Il suffit d'ouvrir un livre d'histoire de l'éducation, plutôt que de dire qu'avant ces jeunes gens si sages apprenaient régulièrement la version Lavisse de l'histoire.


L'éducation nationale va mal. Mais laisser croire que ça à quoi que ce soit à voir avec ce que cite Chiche est une vaste blague. Laisser croire que c'était le pays des Elfes "jadis" est une deuxième vaste blague.


Et pour quelques éléments de contexte. Mon grand-père, gamin de la Bresse éternelle, s'est retrouvé instituteur à 20 ans, au sortir de l'école normale de Lyon. Il a fini directeur d'école comme sa femme.


Il a passé 40 ans à enseigner dans des villages puis des petites villes du Morvan et du sud de la Bourgogne. Des terres souvent rurales où il ne voyait plus beaucoup les mômes à partir de mai.


L'école, c'était très bien, mais ça n'était pas forcément la priorité pour les parents, quoi. C'est un peu ce que raconte Louis Pergaud dans la Guerre des Boutons.


Il a effectivement enseigné la géométrie et les matières qui tirent des larmes de nostalgie à Chiche, mais il aurait été très surpris si on lui avait dit qu'il n'enseignait pas aussi les valeurs de la République.


Et il parlait aussi d'orientation, en fait. Et quels que soient ses efforts, il n'avait certainement pas affaire à des classes d'angelots avides de boire à la source du savoir pas comme ces sales jeunes d'élèves que Chiche déteste tant.


Il y en a vingt cahiers. Autant vous dire que c'est vraiment le quotidien d'un instituteur, de 1930 à 1970.


J'avoue que ce petit "c'est fait" fait à chaque fois monter la marée. Foutues allergies.


Bonne ambiance dans le Louhannais, en 1940 (mon grand-père et Suzanne, ma grand-mère, s'en sortiront sans dommage).


Le mariage 💕


Pardon mais j'ai éclaté de rire.


Il avait un humour pince-sans-rire assez génial, Pépé Pierre


Tranche de vie d'un instituteur.


Ça, je l'ai raconté dans une chronique sur Nova : sa traversée à pied de la moitié de la France occupée en 40, planqué pour éviter les patrouilles allemandes, puis secouru par une troupe de "Bohémiens".


J'adore ce passage. Cette espèce de liberté sauvage d'un soldat paumé qui rentre chez lui. L'entraide, les gens simples. La belle étoile. Le canard aux petits pois.


(et ça, le coup canard aux petits pois, je suis sûr que ça plairait à @jean__michelin)


Bon, j'ai dit soldat... Appelé, plus exactement. Je pense que sur l'échelle qui va de Charlot à Captain America, mon grand-père aurait pété le barreau du bas. Sa blessure de guerre, c'est une clavicule pétée en tombant du poteau où on l'avait envoyé placer un fil de télégraphe.


(pour ceux que ça intéresse, la chronique que j'en avais tirée sur Nova est là.

nova.fr/news/part-sur-…


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